Quels sont les principes de la kératopigmentation ?

La kératopigmentation, ou tatouage cornéen, consiste à insérer des pigments minéraux ou organiques dans les couches superficielles de la cornée. Elle trouve ses origines dans la pratique ancienne du tatouage cornéen utilisé pour masquer des leucomes ou restaurer un aspect esthétique après une opacification de la cornée.

Le laser femtoseconde permet désormais de créer un tunnel intra-cornéen de profondeur et de diamètre constants, dans lequel le chirurgien ophtalmologue injecte les pigments. Cette précision réduit le risque de diffusion irrégulière et améliore la stabilité de la couleur dans le temps.

De la finalité médicale à l’usage esthétique pour changer la couleur de ses yeux

Historiquement, la kératopigmentation avait pour objectif de corriger ou dissimuler des anomalies cornéennes :

• Leucomes cicatriciels post-traumatiques ou post-infectieux
• Aniridies partielles
• Zyschromies cornéennes
• Photophobie liée à une pupille atone

L’usage esthétique s’est développé plus récemment, porté par la demande de personnes souhaitant modifier la couleur apparente de leurs yeux, le plus souvent pour les avoir plus clairs.

Contrairement aux implants intraoculaires colorés, qui nécessitent une incision dans la chambre antérieure et exposent à des complications graves (glaucome, décompensation endothéliale, inflammation), la kératopigmentation reste extraoculaire : autrement dit, elle ne pénètre pas dans le globe et préserve les structures internes.

Comment se déroule l’intervention ?

L’intervention est réalisée sous anesthésie topique, par le biais d’un collyre anesthésiant. Après le repérage de la zone à « colorer », le chirurgien utilise un laser femtoseconde pour créer un plan circulaire dans la cornée, à environ 250 microns de profondeur. Une micro-incision latérale permet ensuite l’injection homogène du pigment à l’aide d’un microcathéter.

Le choix de la teinte dépend du résultat recherché : bleu, vert, gris ou miel, avec possibilité de dégradés pour un rendu plus naturel. Les pigments utilisés sont biocompatibles, stériles et spécialement formulés pour un usage ophtalmologique.

La durée de l’intervention se situe entre 20 et 40 minutes pour les deux yeux. Une fois le pigment injecté, aucune suture n’est nécessaire : la cicatrisation cornéenne se fait spontanément en quelques jours. Et surtout, le résultat sur la couleur des yeux est immédiat.

Y a-t-il un suivi post-opératoire ?

L’ophtalmologiste prescrit un traitement local anti-inflammatoire et antibiotique pour les premières semaines. Un contrôle permet aussi de vérifier la bonne intégration du pigment coloré et l’absence de réaction cornéenne.  

Les pigments demeurent stables dans le temps. En cas d’évolution de la couleur, un ajustement est possible par retouche partielle. Dans certains cas, la kératopigmentation peut être partiellement réversible : une partie du pigment peut être retirée au laser ou diluée par réintervention.

Quelles sont les limites de la kératopigmentation ?

Sur le plan esthétique, la kératopigmentation s’adresse à des personnes en bonne santé, sans pathologie cornéenne, sans sécheresse sévère ni antécédent de chirurgie intraoculaire récente. Mais, comme pour toute intervention sur les yeux, un bilan complet est indispensable, avec :

• Topographie cornéenne
• Pachymétrie
• Examen endothélial
• Mesure de la pression intraoculaire

Sur le plan médical, elle garde aussi toute sa pertinence dans les cas de reconstruction visuelle ou cosmétique après lésion. Dans ce cadre, la modification de la couleur de l’œil permet d’atténuer une asymétrie esthétique ou d’améliorer le confort visuel en limitant la diffusion lumineuse.

En revanche, cette chirurgie n’a pas d’effet sur la vision ni sur la transparence du cristallin ou de la rétine, elle agit uniquement sur l’aspect chromatique de la cornée.

Comparaison avec d’autres méthodes de changement de couleur des yeux

Plusieurs techniques ont été explorées pour modifier la couleur des yeux :

• Les lentilles de contact colorées, non invasives, qui sont une solution temporaire, réversible et sans chirurgie. Leur inconvénient reste la tolérance à long terme, notamment en cas de port prolongé.
• Les implants d’iris artificiels, introduits par voie intraoculaire, ont suscité un intérêt médiatique, mais sont aujourd’hui contre indiqués pour des raisons de sécurité. De nombreuses complications ont été répertoriées.
• Le laser dépigmentant de l’iris, qui vise à éclaircir la couleur naturelle de l’iris en détruisant la mélanine, n’est pas recommandé car il peut induire une inflammation ou une élévation de la pression intraoculaire.

La kératopigmentation apparaît donc aujourd’hui comme une alternative plus sûre, car elle reste limitée à la cornée et n’altère pas les structures internes de l’œil.

Les aspects éthiques et réglementaires du changement de couleur des yeux

La kératopigmentation esthétique soulève des questions éthiques propres aux interventions purement cosmétologiques sur un organe aussi essentiel que l’œil. En France, elle doit être pratiquée dans un cadre médical strict, par un chirurgien ophtalmologiste expérimenté. Lequel doit apporter une information éclairée aux patient(e)s et une traçabilité complète des produits utilisés.

Par ailleurs, l’usage de pigments homologués à visée ophtalmique est obligatoire. Tout pigment destiné au tatouage cutané ou à d’autres usages est proscrit.   

Qu’attendre de la kératopigmentation pour les prochaines années ?

L’évolution des matériaux et des techniques ouvre de nouvelles perspectives. Certains laboratoires travaillent sur des pigments photostables qui pourront restituer des nuances plus fines ou des effets translucides proches de l’iris naturel. D’autres développent des dispositifs permettant un contrôle encore plus précis de la diffusion pigmentaire, pour un rendu plus homogène.

Conclusion

La kératopigmentation s’impose comme une technique chirurgicale innovante dans la modification de la couleur des yeux. Issue de pratiques médicales éprouvées et désormais adaptée à la demande esthétique, elle permet une alternative extraoculaire aux implants désormais contre indiqués et aux lasers dépigmentants.  

Pour changer la couleur de ses yeux de manière pérenne, il est important de se rendre dans un cabinet ophtalmologique spécialisé. C’est ce que propose l’Institut Voltaire avec sa technique de kératopigmentation.